Les objets de Jean-Claude Biraben tiennent autant des objets surréalistes que de la peinture de Magritte et de la poésie. Leur clef est d’abord à chercher du côté du langage. D’après José Pierre, deux mécanismes sont à l’œuvre dans le travail de Biraben. D’un côté, la métonymie « où les choses se définissent plutôt par leurs abords et leurs fréquentations, bonnes ou mauvaises, que par leurs propres caractéristiques. »1 La partie est prise pour le tout, le contenant pour le contenu…
L’objet, une fois libéré de sa fonction et de sa stricte définition, incite à l’allusion, à l’ellipse et au raccourci. Le Tamis évoque la plage dont profite le petit personnage étendu sur sa serviette. Par contiguïté, L’oiseau qui a des branches confond l’arbre et l’animal. La métaphore agit plus fortement encore dans la démarche de l’artiste. L’analogie, la ressemblance et l’association libre détournent l’objet de sa signification première ou en expriment le contenu latent. Le couteau à la lame pliée en escalier devient Cascade. La Danseuse virevolte hors d’un presse-purée. Le Loup aux allures de chien blanc, sagement assis, ne devient loup qu’à la faveur d’un demi-masque de velours noir arboré en guise de truffe. L’Abat-jour est pris au pied de la lettre, crâne formé des fragments de l’objet, vanité de la lumière.
José PIERRE, Biraben, Paris, éd. Loubatières, 1993, p. 17.
JEAN-CLAUDE BIRABEN « Choses et Autres »
Jusqu’au 18 juin 2016
Galerie GRATADOU-INTUITI / 16, rue des Coutures Saint-Gervais 75003 Paris